La technique du blockprint

 

Les motifs

La technique du blockprint consiste à appliquer des motifs à la main, grâce à des blocs de bois sculptés en relief, sur un tissu.

La difficulté, et donc tout l‘art de l’artisan imprimeur (le Chhipa), est de faire en sorte que la superposition des couleurs qui composent un motif soit parfaitement réalisée. Par exemple, pour imprimer un motif qui comporte 5 couleurs, il faut en réalité 5 blocs apposés successivement sur le tissu. Ceci dit, il y a souvent un léger décalage de couleur, et c’est cette irrégularité qui prouve le travail manuel. Astuce pour lire un tissu: S’il est imprimé à la machine, il peut toutefois présenter un décalage - volontaire pour faire croire que… - qui sera régulier, toujours le même, donc faux.


Les blocs de bois

Le bois doit être solide et imputrescible comme le teck bien sec (seasoned teak) ou le bois de rose ( Shesham). L’artisan le taille en épargne: il conserve les contours d‘un motif en creusant tout autour. La poignée est faite dans un bois moins précieux. Une fois sculpté, il est lissé, poli, et oint d’huile de moutarde, qui va pénétrer petit à petit dans les rainures afin de le rendre imperméable et d’empêcher son gauchissement. Il est aussi perforé sur son épaisseur, car cela évite l’appel d‘air qui se produirait lorsque l’imprimeur le sépare du tissu, après l’application de la couleur.

Parfois les blocs sont faits en laiton, notamment pour imprimer les contours très fins. En bois, ces blocs se briseraient trop vite.

La réalisation des blocs de bois qui forment un motif est un travail minutieux. Car tout doit être ajusté, se correspondre. un défaut de conception ici entraine irrémédiablement un décalage de couleur systématique à l‘étape de l’impression. L’artisan utilise un dessin du motif décomposé selon les différents éléments à imprimer, qu’il reporte sur le bois, avant de le sculpter. Et il prévoit toujours un repère sur le bloc qui servira pour répéter l’impression. Le bloc de bois utilisé pour le motif de fond s’appelle Gudh, celui qui permet d’imprimer les contours s’appelle le Rekh, les Datta sont les blocs qui emplissent les espaces de couleur. Les motifs Pays Superbe font plutôt appel aux Dattas.


La teinture

Avant d’appliquer la teinture, et pour garantir une impression de qualité, le tissu est tendu sur la table avec des épingles, la tension est ainsi la même partout, sans faux-plis. Les tables de teinture sont très longues, et l’artisan se déplace avec le plateau à teindre.

Il existe plusieurs types de pigments préparés par les coloristes (les Rangrez).

Les colorants végétaux ont été exclusivement utilisés jusqu’à l’avènement des colorants chimiques. Leur fixation est complexe dans la mesure où il faut en premier lieu utiliser un liant qu’on appelle “mordant” pour fixer ces couleurs. Le mordant est un sel chimique qui se fixe à la fibre de coton, et auquel se fixe ensuite le colorant. Chaque nuance à son mordant et son colorant : la cochenille avec tel ou tel mordant sera plus ou moins vive et rose ou fuschia…les concentrations vont faire varier la saturation des couleurs finales, c‘est donc une infinité de nuances et de combinaisons qu’il faut connaitre pour obtenir ce que l‘on souhaite.

Les pigments colorés fonctionnent un peu comme la peinture. Ce sont des couleurs mélangées à un liant et les nuances recherchées sont facile à obtenir. Ce sont les pigments actuellement utilisés pour les collections Pays Superbe. Les pigments sont azo-free, c’est à dire qu’ils ne contiennent pas de métaux lourds dangereux pour la santé. Ils sont fixés définitivement par séchage puis rinçage (par les Dhobis) ou grâce à un passage dans un souffle d’air très chaud.